L'Ordre Pourpre

Brâkmar avant juinssidor 642

Oto Mustam… tel est le nom de celui régnant désormais en maître et d’une main de fer sur la cité Sombre...
Le Triumvirat n’est plus. Renversés par Mustam, les trois anciens pontes Kalfen, Domen, et Ralgen furent jetés dans les plus profondes geôles de la cité pourpre, pour y croupir le restant de leurs jours. Trois brâkmariens bien trop discret, n’étant jamais en accord les uns avec les autres, menant le Triumvirat à d'incessantes disputes qui ne pouvaient que nuire à Brâkmar. Toutefois, je ne sais si le nouveau régime est préférable…
Mustam ne mérite pas plus sa place que les trois têtes. Il n'a pas la moindre autorité politique et, pire encore, ne prête aucune attention aux anciennes traditions qui sont pourtant à la base de tout Brâkmar !
Tous les honneurs lui ont été injustement donnés, et il n’est plus qu’un recruteur… « Celui qui recrute n'importe qui »…
Il n'est pas rare de rencontrer des brâkmariens sans foi ni loi, des sauvages qui souillent notre image, des incultes allant parfois même jusqu'à ignorer l'existence de Rushu et l'histoire de notre ville. Ces larves n'éprouvent plus aucun respect pour les politiciens, ni pour nos différents cultes.
Égoïste, avide, impulsif et impitoyable, Mustam se moque éperdument de la qualité de son recrutement. Du moment qu’il ait la main mise sur eux, et que ceux-ci fassent de parfaits petits soldats obéissant, cela est dans son intérêt.
Si tous les autres partis politiques vivent, ou vivent encore… ce n'est que parce qu'il les tolère et qu’il peut en soutirer un avantage.

Voilà maintenant plus de deux ans que Brâkmar essuie défaites sur défaites concernant le contrôle des territoires du monde des Douze. Sa sphère d’influence ne cesse de diminuer, chacun de ses assauts sont repoussés, et pire encore, si le rythme se maintient, les armées bontariennes seront bientôt aux portes de notre cité…
A qui la faute me direz-vous ? A maître Mustam ? En aucune manière je ne me permettrais de critiquer ses stratégies militaires. S’il y a bien un domaine dans lequel il excelle, c’est celui-là (Et sans doute la torture). Toutefois, ses stratégies ont beau être irréfutables, ses exécutants le sont beaucoup moins… Ces larves de nouvelles recrues incultes, faibles et ignorantes, gangrènent sa milice, et la pourrit de l’intérieur.
Mustam n’est pas sans l’ignorer, mais ne cherche pas à y déroger, au contraire même, l’encourage, car cela lui permet de garder un contrôle absolu sur eux, et sur Brâkmar.
Cependant les choses pourraient bien être amenées à changer…

En effet, si tout cela était dans son intérêt jusqu’à présent, pour pourvoir assoir son pouvoir sur la cité, les incessantes défaites qu’essuie Brâkmar, pourraient conduire à remettre en cause la survie même de la cité. Certains parlent déjà de victoire de Bonta… de fin de l’ère Rushuiste… d’éradication du mal… mais comment ne pas être perplexe devant une milice rongée d’incapables issus d’un recrutement à tout va, n’arrivant plus efficacement à repousser les assauts ennemis ?
Les deux autres grands ordres de la cité, celui d’Hecate et de Brumaire, se referment de plus en plus sur eux même, agissant dans l’ombre, et chacun de leurs coté, laissant la milice de Mustam seule, comme unique rempart à l’invasion bontarienne.
Dès lors, il apparait donc dans l’intérêt de Mustam que de changer l’ordre établi, qui sinon ne ferait que mener vers une triste fin la cité pourpre…

An 603: Aux prémices de la Confrérie

Fondée peu de temps après le dégel des cités, la Confrérie Pourpre était au commencement un mouvement clandestin de brâkmariens issus de tous ordres, recrutés pour leurs compétences dans divers domaines (Espionnage, culture et textes anciens, combat, politique etc…) agissant dans l’ombre, afin de rétablir la grandeur de Brâkmar, et remettre à l’ordre du jour les anciens préceptes, cultes et traditions de la cité pourpre, se perdant de jour en jour…
Messes noirs, enseignements clandestins, actions secrètes, propagande, assassinats, espionnages … tels sont les activités que nous avons pratiquées durant près de 30 ans, dans l’ombre des recoins les plus sombres et inconnus de Brâkmar.
Nous sommes partout. Connaissons tous les passages secrets de la cité, et sans même que vous vous en doutiez, vous êtes sans cesse espionnés par nos adeptes…
N’avez-vous donc jamais remarqué un petit œil vous épiant à travers un petit trou de mur… senti une présence invisible dans votre pièce… ou un petit courant d’air glacial pour le moins inhabituel ?
Pourtant… cela ne suffit plus. Les actions de l’ex Triumvirat et de Mustam n’ont fait qu’éloigner la cité de ses véritables origines, et malheureusement, dans l’ombre, notre champ d’action est limité, et il nous est impossible de réparer constamment toutes leurs erreurs et les dégâts que provoque leur politique de recrutement intempestif.
Il était grand temps de faire changer les choses. Il était grand temps pour nous de nous faire connaître.

L’éveil des Pourpres

An 634. Après plus de 30 ans passés dans l’ombre, la confrérie avait acquis une influence sans pareille dans Brâkmar. Il n’était désormais plus possible de dissimuler son existence.

Le coup d’état d’Oto Mustam était l’occasion que nous attendions avec impatience.
Selon les archives, celui-ci aurait sans peine, avec l’aide d’une escouade de sa milice, prit d’assaut la grande tour de Brâkmar, et la salle du trône où siégeaient les trois pontes.
Mais l’histoire ne dit pas tout. Pensez-vous vraiment qu’il soit possible d’infiltrer la grande tour avec tout un bataillon d’infanterie, neutraliser les hommes à l’entrée, dévaler les couloirs avec toute son unité, tuant les gardes intérieurs et monter jusqu’à la grande salle, tout cela dans le plus grand silence, sans que personne ne s’en aperçoive ?
Sans que les trois dirigeants ne se soient doutés de quelque chose et n’aient pas prit la fuite dans un des nombreux passages secrets de la grande tour, bien avant que Mustam et ses hommes n’arrivent au sommet de la tour ?
Hahaha, que vous êtes naïf…
Mustam s’attribue tous les mérites de cette opération, mais pourtant cette nuit-là, les choses ne se sont pas tout à fait passées comme les registres l’indiquent.

La Confrérie savait depuis longtemps que Mustam préparait un mauvais coup envers le Triumvirat. Et à vrai dire, elle n’était pas totalement opposée à cela. L’immobilisme de ce conseil ne mènerait à rien Brâkmar, et il fallait absolument le faire tomber, d’une façon, ou d’une autre...
La seule incertitude restait la date.
Dès que nos espions eurent vent du jour et l’heure de l’attaque, nous avons tout mis en œuvre pour que les projets de Mustam aboutissent sans encombre.

Avant même que la milice n'arrive devant la grande tour, les gardes à l’entrée jonchaient déjà le sol froid, tous raides morts… L’intérieur de la tour avait également été méticuleusement vidé de toutes formes de résistances. Seuls les trois pontes restaient encore au dernier étage, se disputant une énième fois sur un sujet sans importance comme à leur habitude...
Ce massacre sournois n’était pas arrivé par hasard. Nous avions mis nos meilleurs espions sombres et assassins sur le coup.
Dès lors que Mustam et ses hommes entrèrent dans la grande tour, ils trouvèrent un couloir de désolation, au sol jonché des cadavres des pauvres gardes, et aux murs sur lesquels d’étranges écrits avaient été peints au sang, répétant à chaque fois : « Gloire à Brâkmar la Pourpre. » « La cité Pourpre » « Gloire à la renaissance Pourpre »
Ce mot « Pourpre » revenait inlassablement dans toutes les phrases inscrites sur les froides pierres des murs.
..Pourpre… Il y avait bien longtemps que le mot n’avait plus été employé pour désigner la Sombre cité de Rushu…
Voilà donc la véritable histoire de cette nuit-là. La première fois que la confrérie Pourpre signait une de ses œuvres…

L’Ordre Pourpre

A partir de ce jour, de plus en plus de nos actions furent signées. Brâkmar toute entière devait savoir que nous existions.
Au fil des années notre influence ne cessa de croitre, nos adeptes devinrent de plus en plus nombreux, nos actions se multiplièrent, et nos sympathisants affluaient.
Nous étions tout de même prudents et faisions attention aux actions menées. Nous savions qu’à tout moment, Mustam aurait pu décider de nous tuer si cela lui chantait. Fort heureusement pour nous, ce ne fut pas le cas, sans doutes que notre service rendu lors de son coup d’état avait joué en notre faveur.

An 640
Brâkmar se faisait de plus en plus malmener par les forces bontariennes. Chaque jour nous perdions un peu plus de territoires. Les conséquences des politiques de recrutement trop laxistes de Mustam commençaient gravement à se faire ressentir…
Ironiquement, plus la cité allait mal, mieux notre confrérie se portait. De plus en plus de brâkmariens commencèrent à douter de Mustam, (pas ouvertement bien sûr), mais rejoignirent pour cette raison notre cause.
Mustam se doutait bien que nous n’étions pas en accord avec sa vision des choses, toutefois, il était maintenant trop tard pour dissoudre la confrérie, devenue une organisation bien trop influente avec le temps, sous peine de voir son autorité déjà grandement affaiblie entièrement remise en cause. Il ne voudrait pas donner un prétexte pour une révolution.
Nous étions devenus l’une des organisations les plus importantes de Brâkmar... Nous étions devenus l’Ordre Pourpre.

L’ascension au pouvoir

An 642, c’est un fait, Brâkmar perd de son influence de jour en jour, et ce à tous les niveaux (Politique, économique et militaire), et sa milice gangrenée d’incapables, ne repousse plus assez efficacement les attaques bontariennes, ayant déjà pris une bonne partie des terres autrefois contrôlées par la cité sombre.

L’Ordre Pourpre est maintenant l’organisation la plus influente de la cité. Oto Mustam le sait, et redoute plus que jamais un éventuel conflit entre lui (et sa milice), et le clan de l’Ordre ou une éventuelle révolution. Il ne peut ni nous dissoudre, ni nous affronter. Cela entrainerait inévitablement la chute de Brâkmar.
Toutefois, d’un autre côté, son principal soucis ces temps-ci n’est finalement pas ce nouveau mouvement qui, jusque-là n’a encore rien fait qui irait à son encontre. Le véritable problème, est sans contestation, l’armée bontarienne se rapprochant de jour en jour de nos portes, et contrôlant toujours plus de territoires à travers le monde…

Si Brâkmar tombe, alors Mustam n’aura plus rien sur quoi régner. Dans son intérêt, la meilleure solution est donc de nous prendre « sous son aile ». Ce qu’il fit, voyant tous les avantages qu’il saurait en tirer.
Le six Juinssidor 642, Mustam convoqua les hauts dirigeants de l’Ordre Pourpre dans la salle des trônes de la grande tour de Rushu pour mettre au point les termes d’un accord officialisant définitivement notre mouvement et nos actions, au sein de la cité.
Une nouvelle ère commence pour L’Ordre Pourpre. Nous allions enfin pouvoir occuper des fonctions officielles au sein de la cité.
Désormais, nos membres se nommeraient Oridriens.